Green IT : l’impact du télétravail sur l’environnement
Avec le confinement impliquant un recours massif au télétravail, les émissions de gaz à effet de serre et de particules fines ont drastiquement diminué partout dans le monde en l’espace de quelques jours seulement. Mais rendons à César ce qui est à César : la grande majorité de cette agréable diminution s’explique bien plus par la chute brutale des économies mondiales que par le recours au télétravail en Occident … !
La question reste tout de même sensée : peut-on s’auto-congratuler de contribuer – certes modérément, mais contribuer quand même ! – à l’effort écologique simplement parce que l’on travaille avachi dans son canapé ? Ou est-ce trop beau pour être vrai ?
Pour les experts en la matière, pas de doutes : le consensus, c’est qu’il n’y a absolument pas de consensus.
Quels sont les bienfaits du télétravail sur l’environnement ?
A première vue, il est facile d’imaginer les bienfaits du télétravail sur l’environnement : moins de trafic routier, moins de locaux à construire et à alimenter, moins de consommation de tous ces petits excès du quotidien infiltrés depuis toujours parmi nous sous la forme de touillettes à cafés, d’emballages de ces sandwich du midi, de ce ticket de parking que l’on jette honteusement par la fenêtre… Rester chez soi, c’est aussi manifestement économiser de l’eau, puisque les données publiques de consommations montrent une diminution des pics aux heures de pointe habituelle ; devoir se rendre au travail était, peut-être pour certains, la principale raison de prendre une douche quotidienne, après tout.
Les freins du télétravail par rapport à l’environnement ?
Malheureusement, ce n’est pas aussi simple, comme le montrent toutes les études qui s’y intéressent. Face aux réductions positives évidentes viennent s’opposer les réalités plus insidieuses : si l’on travaille chez soi en hiver par exemple, il faut se chauffer individuellement ; en été, c’est la climatisation. Réunir tous les salariés dans un bureau, qui plus est généralement bien mieux isolé que les habitations individuelles, permet de réaliser de très nettes économies d’énergie sur ce point. Acheminer 50 postes de travail sur un même site mobilise bien moins de ressources que si les 50 salariés commandent et se font livrer chacun leurs 50 machines, claviers, souris au pas de leur porte. Faire déployer une fibre optique dans les immeubles de ces 50 travailleurs pour leur donner les moyens de télétravailler correctement est, là encore, bien plus énergivore que d’avoir une fibre massive dans une zone d’activité. Et si ces collaborateurs travaillent de chez eux en Inde sous la direction d’un chef de projet à Los Angeles, quid des ressources nécessaires pour permettre la communication temps-réel longue distance ?
Même les externalités positives sont à relativiser : dans un pays comme la Norvège, où près de la moitié du parc automobile est déjà électrique, la réduction du trafic routier en restant chez soi compense-t-elle les surcoûts ? Les externalités négatives peuvent aussi être nuancées : en France, où la majorité de l’électricité est décarbonée car provenant du nucléaire, et où le chauffage électrique est omniprésent, y’a-t-il vraiment une différence significative d’impact entre se chauffer individuellement chez soi et chauffer un seul site de travail ?
En bref, si l’on souhaite vraiment se plonger dans le sujet, chaque question en soulève une nouvelle ; une étude vient contredire la précédente, chacune apportant à l’équation une variable ignorée par les autres.
En toute honnêteté, on ne peut donc pas dire que le télétravail est de facto meilleur pour l’environnement (et on ne peut pas affirmer le contraire non plus) ; au mieux, nous sommes à-peu-près certain de ses effets positifs sur la qualité de l’air dans les zones urbaines, mais cela s’arrête là.
Alors, managers, salariés, patrons qui testez le télétravail depuis près d’un mois, faites-nous part de votre ressenti, de vos doutes, de vos besoins sur cette pratique : maintenant que nous avons éloigné pour vous la ‘’bonne morale écologique’’ de la question, vous pouvez y répondre honnêtement !